Voyage Decouverte - Solidarité
au Burkina Faso 2010


« On en a pris plein la figure !.. le dépaysement, la chaleur, la fatigue, la maladie, les moustiques… Mais quel accueil ! Ils n’ont pas grand-chose et le partagent avec nous ! »… « Mon regard sur la vie et sur les choses a changé… » « On y repart ? » « Penser à envoyer un texto à sœur Perpétue pour son anniversaire ! »…

Le projet est né deux ans plus tôt. Lors de la veillée de rentrée de l’aumônerie paroissiale, les lycéens proposent d’aller plus loin dans leur réflexion et leurs actions solidaires. L’idée est lancée d’un voyage en Afrique pour vivre la découverte et la solidarité à travers la rencontre. L’aventure commence.
Pendant deux années, nous avons préparé ce voyage : information, réflexion, communication, prise de contact avec l’association Couleurs du Sahel, avec le village de La Toden situé à 150 km au nord de Ouagadougou, démarches administratives, recherche de financement et petits travaux pour boucler le budget… Le dimanche avant notre départ, nous vivons une célébration d’envoi avec nos familles et la communauté paroissiale.

Messe d'envoie


Et le 24 juillet dernier, 5 h du matin, nous sommes tous là : Anaïs, Klara, Marie, Nico, Samuel, Florentin, Gabriel, Sylvain, Camille, Marie-No. Dernière vérification : chacun a son passeport et son carnet de vaccinations à jour. Nous sommes partis ! Bordeaux – Paris – Ouagadougou.

Aéroport de MérignacAéroport de Ouagadougou
Aéroport de Mérignac Aéroport de Ouagadougou


Les deux premiers « chocs » se vivent à Ouaga. A l’aéroport d’abord. Rien à voir avec celui de Roissy. Quittant le confort de l’avion, nous nous retrouvons dans un hall en travaux : poussière, chaleur, obscurité, bousculades… Quelques bancs au milieu de la foule pour le poste de douanes, un autre pour celui du contrôle sanitaire… Grâce à Sr Perpétue que nous retrouvons, nous passons rapidement les formalités. Moins rapide sera la récupération de nos bagages. Nous sommes sollicités par de nombreux porteurs, des chauffeurs. Le premier contact avec le Burkina est rude. Nous apprécions le calme de notre lieu d’hébergement. Et malgré l’heure tardive, nous ouvrons notre cahier de bord. Il y a déjà beaucoup à dire et à écrire.

Cathédrale de OuagadougouCathédrale de Ouagadougou
Cathédrale de Ouagadougou : nous assistons à la messe le dimanche matin.


Le 2ème choc sera pour le lendemain en prenant la route menant vers le nord du pays. Nous découvrons une grande partie de la ville : de part et d’autre de la route principale, une multitude de commerces dans de petites échoppes en bois, en tôles… On se demande comment font certaines pour tenir debout. Les habitations sont derrière, semblables. Des chemins de terre arrivent jusqu’à la route et nous permettent de les apercevoir. Et du monde partout, à pied, à vélo, en scoot, en charrette, en voiture, en camion… Nous sommes dans la capitale !

route menant vers La Todinroute menant vers La Toden


Nous la quittons et découvrons le paysage typique de la savane à la lisière du Sahel. La terre est rouge, caillouteuse ; quelques grands arbres (baobabs, arbres à karité…), beaucoup d’arbustes, des cours ici et là (ensemble d’habitations en terre) avec les greniers à mil attenants, des femmes et des enfants courbés en deux travaillant la terre avec leur daba (outil confectionné à l’aide d’une branche d’arbre et d’un morceau de ferraille). Les plants de mil sont petits. C’est la saison des pluies et ils devraient être plus grands. Sr Perpétue nous explique qu’il ne pleut pas assez cette année et nous fait part de son inquiétude pour les mois à venir : il n’y a pas de réserves d’une année à l’autre. Si les récoltes sont insuffisantes, des personnes auront faim…

route menant vers La Todinroute menant vers La Toden


Yako. Nous quittons la route et nous engageons sur une piste en terre. La Toden est à 25 km. « Bonne arrivée ! » C’est ainsi que les visiteurs sont accueillis.
Accueillis : nous le sommes merveilleusement bien par les autres sœurs de la communauté (Marcelline, Sylvie, Angeline, Alida, Félicitée) et par les habitants du village tout au long de notre séjour.
Nous découvrons les lieux : plusieurs bâtiments en dur, pas d’électricité (seulement 2 heures le soir grâce à un groupe électrogène), pas d’eau courante (la pompe est cassée). Nous dormirons dans un dortoir de l’internat du collège, sans moustiquaires la 1ère nuit… Mais les moustiques sont féroces ! Nous en trouverons pour les prochaines.
Nous partageons notre premier repas avec les sœurs, dehors, dans la nuit, comme elles ont l’habitude. Nous sommes heureux d’être là. Nous ouvrons nos bagages et donnons le matériel souhaité par les sœurs (affaires scolaires, livres, produits de toilette…), nos cadeaux et… du camembert (tant attendu par sr Perpétue !).

Cadeaux à la communautée et à Soeur PerpétueAffaires apportées à La Toden


La Toden. Nous découvrons le village le lendemain. Situé sur un vaste plateau, il s’étend sur 340 km². Où que nous regardions, nous voyons des cours au loin, séparées les unes les autres par les cultures de mil. Le « centre » du village se regroupe autour d’un immense baobab avec, autour, le marché, puis, plus loin, la mairie, une école, quelques commerces, la mosquée, l’église. Les pistes de terre allant plus loin dans la brousse se rejoignent ici.

Baobab du marché de La TodinMarché de La Todin


Dépendants de la communauté, nous visitons plusieurs lieux.
Le collège, où les élèves chrétiennes, musulmanes ou animistes vivent ensemble leur scolarité, apprennent à se connaître et à respecter leurs différences.
Au centre de tissage, nous rencontrons une partie de l’équipe travaillant dans un atelier très simple, où il y fait très chaud, où tout est récupéré, notamment de vieilles machines à coudre et fers à repasser à charbon (appelés « au revoir la France »… comme tout le matériel inutilisé chez nous et récupéré là-bas). Nous admirons les tissages colorés et passons commande auprès des couturières pour des vêtements. Nous emmènerons les autres tissages dans nos bagages pour les vendre en France et assurer ainsi un soutien financier au centre. La solidarité peut prendre cette forme.
Au CREN (Centre de Récupération et d’Education Nutritionnelle… les mots en disent long…), les animatrices nous expliquent leur travail auprès des mamans et de leurs enfants sous-nutris. Travail difficile lorsque les moyens sont incertains ou insuffisants. Pourtant, elles font face, avec le sourire ; les mamans aussi : aujourd’hui, il y a suffisamment pour chacune. Demain… on verra. Marie-No passera une matinée avec ces femmes pour la pesée des enfants et la consultation. Moment inoubliable.

Femme travaillant au centre de Tissage de La TodenFemmes attendant au CREN de La Todin


Nous avons la chance de faire connaissance avec Cyril, un paysan du village. Grâce à lui, nous rencontrons de nombreux villageois. Il nous apprend quelques mots en mooré, nous explique les coutumes locales : l’eau de bienvenue, partagée avec les visiteurs avant toute discussion, la fabrication du dolo (alcool de mil), du bissap, du tô. Il nous apprend aussi que la terre n’est pas une propriété mais qu’elle est répartie en fonction des besoins. Cyril nous introduit dans plusieurs cours et nous passons ainsi de longs moments avec les habitants.

Cyril et nous dans sa coursEnfant de Cyril offrant l'eau de bienvenue


Dans la sienne, nous partageons un repas préparé par ses deux femmes (du riz gras avec des morceaux de chèvre grillés). Nous sommes entourés par ses nombreux enfants et rejoints pas des amis à lui. Il fait nuit noire ; Cyril raconte des histoires de son pays.

Cyril offrant le théCyril et toute sa famille


Au moment de se séparer, rendez-vous est pris avec Nico, Gabriel, Florentin, Sylvain, Samuel et Camille pour aller travailler avec lui aux champs. Nous nous rendrons alors compte qu’il n’est pas simple de distinguer un plant de mil d’une mauvaise herbe… ce qui fait bien rigoler les gamins qui nous observent ! Occasion aussi de goûter le tô, cette bouillie de mil accompagnée d’une sauce. Moment de pause où les hommes et les enfants mangent d’un côté et les femmes de l’autre.

Découverte du travail au champPartage du tho pendant la pause


Nous rencontrons aussi Ernest, un boulanger du village, ami de Cyril. Il nous attend dans sa cour, a préparé de la pâte à pain, allumé le four, pour nous expliquer son travail et nous permettre de faire nous même quelques pains. Pendant la cuisson, il nous offre un plat de riz avec des haricots mélangés. Formidable accueil là aussi. Gabriel et Samuel reviendront passer une matinée chez Ernest.

ErnestLes filles aidant Lucie


Pendant ces 10 jours, il y aura d’autres rencontres : avec le maire, avec Alphonsine la coiffeuse, Florent, Olivier, Jean ; avec Lucie auprès de qui Marie, Anaïs et Klara passeront quelques heures à consolider son apprentissage de la lecture ; avec la communauté chrétienne, pendant la messe en moré le dimanche.

Nous découvrons aussi ce qu’est un orage tropical, attendu et redouté à la fois. Nécessaire pour l’eau indispensable aux cultures, mais pouvant être dévastateur et dangereux pour les constructions en terre et les habitants.
Et l’après orage… les insectes qui pullulent ! Dur pour ceux qui n’aiment pas les petites bêtes… Et voici les éphémères, par centaines. Sr Perpétue nous montre sa technique pour les attraper et nous explique que, grillées, c’est un délice !… Certains ont goûté le lendemain… et ont apprécié !
Les sœurs, elles, ont goûté et apprécié le repas français que nous leur avons préparé. Etaient invités aussi Jean, le cuisinier, et les personnes travaillant à la mission.

Dernières photo de groupe avant le départ de La Toden


Le séjour à La Toden touche à sa fin. Nous sommes surpris de nous être habitués si vite à nos nouvelles conditions de vie. Malgré la chaleur, les problèmes de santé, les moustiques… nous y sommes bien. La communauté est même gratifiée de « 4 étoiles » par l’équipe : grâce à l’accueil, à la simplicité de vie et en comparaison des conditions de vie plus loin dans le village.

Le taxi-brousse est chargé (vu son état, il aurait sûrement beaucoup à raconter…). Dernières photos, derniers au-revoirs… Nous repartons vers Ouaga. Nouveau dépaysement. Rien à voir avec la vie rurale à laquelle nous commencions à être habitués.
Nous y retrouvons Francis, prêtre Burkinabé et ami de Gilbert Wangraoua prêtre à Saint Pierre d’ Irube. Il sera notre guide, chauffeur, négociateur pendant trois jours. Nous l’avions contacté pendant la préparation de notre voyage. Il nous a préparé tout un programme de visites autour de la ville. Nous retrouvons aussi Angeline, croisée à La Todin.

Voitre de GilbertPhoto de groupe à Ouagadougou


Le dernier jour, nous partageons avec eux une célébration de départ. Et, à la fin de celle-ci, ces paroles : « vous êtes un fil rouge… pour faire un lien entre le Burkina et la France ». Fil… lien… des mots que nous avons l’habitude de tricoter depuis notre profession de foi… Clin Dieu !…
Retour rapide à Ouagadougou. Nous quittons la ville vers l’aéroport sous la pluie « comme ci le Burkina pleurait notre départ ». Nous sommes un peu tristes de partir. Mais si heureux d’avoir pu vivre une telle aventure !

Le retour en France ne sera pas facile pour la plupart d’entre nous. Le décalage est grand entre ici et là-bas. Nous avons été bousculés, interpellés, touchés par ces personnes à la vie simple et si accueillantes. Nous revenons riches de toutes nos découvertes et de nos rencontres, sur un plan humain, sur un plan spirituel aussi.
Femme de La TodinNous avons été sensibles aux qualités humaines des personnes que nous avons rencontrées.
Nous avons été marqués par leur respect, leur simplicité, la façon dont ils vivent la pauvreté, leur partage, leur accueil, leur soif d’apprendre, leur souci de ne rien gaspiller, l’entraide, la place des anciens dans la famille…
Tout ceci nous amène à réfléchir ; sur nous, sur nos modes de vie. Nous percevons notre quotidien différemment. On se surprend même à moins râler parfois…
Nous avons été surpris de découvrir combien la religion a une place importante là-bas, par le respect qui existe entre les personnes de religions différentes. Nous avons trouvé les messes plus vivantes, plus dynamiques. La liturgie est la même qu’en France, mais nous l’avons vécue auprès de personnes d’une autre culture, avec d’autres gestes. Certains gestes sont universels, comme le geste de paix : moment de communion alors que nous ne comprenons rien à ce qui se dit. Il nous a semblé que les personnes s’impliquent davantage dans la vie de l’Eglise. Ces différences nous ont amené à réfléchir à nos convictions religieuses.
Et pendant tout ce voyage, nous n’avons pas été seuls : des personnes en France ont prié pour nous ; là encore, une façon d’être en communion.

Les femmes du centre de tissage de La Toden


Découverte… Solidarité…
Nous les avons vécus par la rencontre, par le partage et l’apprentissage d’une vie quotidienne différente de la notre.
La découverte et la solidarité peuvent se vivre sous de multiples formes et sont, à chaque fois, une aventure !

L'équipe au retour en France à Bordeaux


Nous revenons riches de toutes nos découvertes et de nos liens entre nous. Et avec des questions plein la tête sur notre vie ici, nos choix, notre orientation… Quelles suites à donner à ce voyage ? Les pistes sont nombreuses.
Nous sommes de retour… l’aventure continue !…


L'équipe



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